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TEXTE DE MICHEL POITEVIN POUR LE CATALOGUE DU 59ème SALON DE MONTROUGE, 2014
Une pièce, Scarred Objet m’a intrigué et intéressé. Pourquoi? Pour sa simplicité apparente, son minimalisme: un tube carré rectiligne de grande
longueur sectionné en tronçons égaux puis ressoudé afin de reconstituer sa forme originelle. Comme le dit la légende, la barre ne redevient jamais tout
à fait identique, des marques et des déformations apparaissent. Jamais après cette manipulation, pourtant simple, l’objet ne retrouve sa situation
initiale. La barre est la même sans être semblable. Après une rupture derrière son apparente intégrité des traces, des cicatrices apparaissent toujours.
La comparaison dans l’espace et dans le temps sont les champs réguliers de réflexion et d’investigation de l'artiste. Ainsi Re-Enactment LB/ Chandelier
with Plum Blossom Energy Saving Lamp recrée un dispositif aperçu dans une maison Libanaise. Un vieux lustre en cristal sert de support à une lampe
économique sans valeur ni esthétique, mais qui fonctionne et répond au besoin de lumière. Le rapport du temps qui passe et la modification des objets
usuels montre la quasi impossibilité d’une certaine continuité de forme même si la finalité est sauvegardée. Dans l’espace, comme dans le temps rien
n’est véritablement substituable et chaque mutation laisse une trace.
Stéphanie Saadé, Scarred Object, 2013, cut and welded aluminium bar, 2x2x100cm.